Un « Mois décolonial » aura lieu à Grenoble du 10 au 30 juin 2021.
Dans Le Dauphiné Libéré du 27 mai 2021, les organisateurs expliquent les objectifs essentiels qui résument l’idéologie du décolonialisme :
« défendre un vivre-ensemble véritable notamment en identifiant les obstacles réels qui gênent sa réalisation ».
« débattre et dépasser cet imaginaire colonial qui continue d’irriguer notre inconscient collectif et comprendre les mécanismes du racisme structurel et institutionnel ».
Il y a une contradiction très profonde entre ces deux propositions.
Comment, en effet, défendre un vivre-ensemble véritable en France à partir de ce qui relève d’une dérive antirépublicaine telle qu’elle est clairement énoncée dans la deuxième proposition ?
Selon l’idéologie décoloniale, nous serions tous encore colonialistes en France, dans notre culture, notre « imaginaire », notre « inconscient », notre manière d’être en quelque sorte.
Tous colonialistes, y compris les générations qui n’ont jamais connu le temps des colonies et plus d’un demi-siècle après l’indépendance de l’Algérie, entre autres.
C’est non seulement outrancier de penser cela, mais c’est également faux. Car c’est exactement le contraire de ce que nous montre sans équivoque l’histoire des sociétés démocratiques : en matière de guerre, y compris quand il s’agit de guerre coloniale, il n’existe ni de responsabilité collective, ni de responsabilité transmissible. Selon l’idéologie décoloniale, il existerait également en France, non pas seulement du racisme et des Français racistes, mais, les mots sont très forts : « un racisme structurel et institutionnel ». Notre République française, notre nation, notre démocratie, seraient donc intrinsèquement racistes. Comme elles seraient intrinsèquement colonialistes. C’est exactement en ce point, que cette mouvance est antirépublicaine.
Sans être pour autant décolonialiste, tout un chacun d’un peu sensé constate effectivement les discriminations quotidiennes que subissent nos compatriotes d’origine arabe ou noire : discriminations dans l’accès à l’emploi, discriminations dans l’accès au logement, discriminations racistes et, de ce fait, que ces compatriotes font partie des couches sociales les plus pauvres et les plus opprimées de notre société.
En revanche, penser non seulement que la République ne peut pas résoudre ces discriminations, mais également que la République entretient, voire génère, ces discriminations et, en conséquence, que seule une lutte active antirépublicaine, anti-universaliste et anti-occidentale pourrait contribuer à lutter plus efficacement contre ces discriminations, c’est cela être décolonialiste, et c’est très inquiétant.
Je m’étonne que le Maire de Grenoble ne voit dans cette mouvance qu’une libre expression d’opinion, car comme le Rassemblement National, les mouvances extrêmes et radicales phagocytent et pénètrent notre système social : les associations, les élections… La banalisation et la normalisation des propos ou encore affirmer qu’il s’agirait de l’organisation d’un débat démocratique, alors que l’idéologie est clairement radicale et anti-républicaine, est une faute. C’est une faute pour la défense de la République, c’est une faute éthique vis-à-vis des Grenoblois.