Aujourd’hui en France, il est estimé qu’une femme meurt tous les trois jours à la suite des coups ou de tirs portés par son conjoint ou ex-conjoint. En 2014, 223 000 femmes ont été victimes de violences conjugales physique et/ou sexuelles et seulement 23% ont porté plainte. Selon le décompte du Collectif « Nous toutes », à ce jour 120 femmes sont mortes sous les coups de leurs conjoints ou ex-conjoints depuis le 1er janvier 2019. Toutes les femmes, quel que soit leur statut socio-économique, leur âge, leur orientation sexuelle, leur état de santé, leur handicap peuvent être concernées. Parallèlement à ces tragédies, on estime à 4 millions, le nombre d’enfants exposés aux violences conjugales en France.
Le Président de la République, Emmanuel Macron, s’est engagé dès la première année de son quinquennat à lutter contre ce fléau qui meurtrit la France quasi-quotidiennement. Pour tenter de l’endiguer, le Gouvernement a lancé le 3 septembre dernier le Grenelle des violences conjugales. Les députés ont donc été sollicité pour mener un travail sur le terrain au plus proche des institutions, des administrations, des acteurs de la société civile et des citoyens autour de trois axes : prévenir, protéger et prendre en charge, punir pour mieux protéger. Caroline ABADIE et Olga GIVERNET respectivement députées de la 8ème circonscription de l’Isère et de la troisième circonscription de l’Ain, sont les référentes pour la Région Auvergne-Rhône-Alpes en charge du groupe de travail : « Du traitement des auteurs des violences conjugales : de la prévention à la condamnation ». L’objectif est de réunir plusieurs constats et propositions afin d’enrichir un rapport régional qui sera remis à Marlène SCHIAPPA, Secrétaire d’Etat en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes et à la lutte contre les discriminations le 25 novembre prochain.
Ce matin, nous avons donc organisé avec Olga GIVERNET une matinée sur les violences conjugales qui s’est déroulé en deux parties. Dans un premier temps, nous avons visité l’Hôtel de police de Grenoble afin d’y rencontrer les services spécialisés dans l’accueil des victimes et le pôle psycho social opérationnel depuis une semaine. Le numéro d’appel, le 3919, la question de la suspension de la garde parentale en cas de violences ou de féminicides ainsi que le dépôt de plainte et le suivi des demandes ont été au cœur de nos discussions. On observe que même si la parole s’est plus libérée depuis quelques mois, les plaintes sont encore trop peu nombreuses malgré un accompagnement efficace au sein de ce pôle.
La seconde partie de la matinée s’est déroulée à notre permanence autour d’une table-ronde regroupant plusieurs associations grenobloises et institutions spécialisées dans le traitement des auteurs de violences conjugales mais aussi de la prise en charge des femmes et des enfants victimes de ces violences. Il ressort de ces échanges que la situation est loin d’être idéale :
- Manque de place d’hébergement d’urgence ;
- Absence de lieu médiatisée pour procéder à l’échange des enfants entre les parents, moment pourtant tragique puisque la moitié des féminicides ont lieu à cette occasion ;
- Manque de liens et de réseaux entre les différentes associations ;
- Manque de formation des professionnels à l’Education nationale au sein de la médecine scolaire, à la police municipale alors même que ces femmes se présentent en premier lieu à l’accueil et chez les médecins qui sont parfois réticents à l’idée de délivrer un certificat de constatation.
La violence conjugale résulte d’une construction, d’une escalade de violence. Il est nécessaire de prendre en charge ces victimes souvent sous le joug d’une pression sociale, culturelle et très souvent économique. Il est également nécessaire d’accompagner ses auteurs afin de les conscientiser sur la portée de leurs actes, de leur apporter une aide pour éviter et endiguer les cas de récidives car s’il n’y a pas d’auteurs, il n’y a pas de violences.
Ces sujets sont primordiaux pour sécuriser les femmes dans leur espace personnelle et familiale. Cependant, les violences peuvent commencer dès l’espace public, la rue et je m’engage à ce que soit respectée l’outrage public, instaurée par la loi du 3 août 2018 contre les violences sexuelles et sexistes faites aux femmes.
Voir également le reportage de Télégrenoble :