Le candidat du progrès face à celui du repli, comme un air de déjà vu
Ceux qui refusaient d’appeler à voter Emmanuel Macron contre la « Donald Trump française » au second tour des élections présidentielles en 2017 sont les mêmes qui se réjouissent aujourd’hui de la victoire de Joe Biden.
Boutter Trump hors de la Maison Blanche était une nécessité pour que les Etats-(dés)Unis puissent redevenir une nation unie et apaisée et pour que l’avenir de la planète soit enfin pris en compte dans les décisions politiques américaines dans un contexte où la lutte collective contre contre le virus qui dicte nos vies depuis des mois doit être une priorité.
Il serait cependant très maladroit d’oublier que près de 50% des américains ont voté pour Donald Trump, déjouant une fois de plus tous les sondages. La fracture sociale et territoriale américaine n’est pas une particularité et semble en réalité toucher une grande partie des démocraties occidentales, en témoigne le mouvement des Gilets Jaunes en France.
La réjouissance collective d’une partie de la classe politique qui revendique l’exclusivité de la « gauche » pour la victoire du candidat démocrate révèle une fois de plus l’hypocrisie d’une classe politique qui use de postures démagogiques et électoralistes depuis des années.
Il est cocasse que quelqu’un comme Eric Piolle félicite le nouveau Président américain, un homme blanc avec plus de 50 ans de politique derrière lui, sans aucune nuance. Protéger les emplois (plan de relance libéral), libérer les énergies (plan de relance vert), et unir les citoyens était bel bien le triptyque de la campagne d’Emmanuel Macron en 2017, et bel et bien ce qu’il applique depuis plus de trois ans. Joe Biden s’engage donc à en faire de même, sous les louanges du maire de Grenoble.
Cette gauche bien pensante qui se perd dans les alliances mal ficelées avec La France Insoumise, aux côtés d’EELV dont les élus passent leur temps à traiter les élus LaREM de néolibéraux, et qui célèbrent pourtant aujourd’hui l’élection d’un modèle de libéralisme mondialiste : le président des États-Unis qui, bien que démocrate, a une ligne politique assez conservatrice de compromis avec Les Républicains.
Objectivement, les deux grandes sources de satisfaction de cette élection résident dans le retour des États- Unis dans l’Accord de Paris et l’élection de Kamala Harris, première femme, première personne de couleur, première personne d’origine indienne, à la Vice-Présidence des Etats-Unis. Enfin un poste à responsabilité pour une femme qui, si elle en affiche les compétences, pourra prétendre à devenir Présidente des Etats-Unis à l’avenir.