Assurer l’avenir de nos barrages demande plus que des postures et des oppositions de principe

Depuis le début de mon mandat j’ai visité de nombreuses installations hydroélectriques et je suis particulièrement sensible à ce patrimoine, caractéristique de notre territoire, berceau de la houille blanche. Je sais le rôle majeur que joue l’hydroélectricité dans notre mix énergétique ainsi que dans la régulation des cours d’eau. J’ai ainsi soutenu à plusieurs reprises le secteur hydroélectrique auprès du gouvernement et je me réjouis des annonces du Premier ministre en faveur de l’hydroélectricité cette semaine dans son discours de politique générale[i].

Certains voudraient pourtant faire croire que ce gouvernement souhaite « dilapider » ce patrimoine à seule fin de satisfaire les règles dites « ultralibérales » de la Commission européenne… Je crois qu’il est temps de mettre de côté les fantasmes et de cesser les manœuvres politiciennes, dont le dernier scrutin européen a montré que les électeurs n’étaient pas dupes.

Tout d’abord, non les barrages français ne seront pas « privatisés », ils resteront toujours la propriété de l’Etat[ii]. Non il n’est pas question d’une dérégulation non maîtrisée puisque l’Etat garde toute latitude pour fixer ses propres règles (niveaux d’investissement, de redevance, de normes de sécurité, de respect de l’environnement, etc.). La cour des comptes souligne ainsi que l’ouverture à la concurrence permet à l’Etat d’imposer des missions de service public à l’exploitant (qui peut tout à fait être un acteur public) tout en sélectionnant le candidat le mieux disant [iii]. Mais l’ouverture à la concurrence du renouvellement des concessions a d’autres raisons encore ; certes respecter les règles européennes que nous avons-nous même édictées et que la Commission s’applique à faire respecter également chez nos voisins pour le bon fonctionnement du marché unique [iv] ; mais surtout celle d’assurer l’avenir de notre parc hydroélectrique vieillissant et qui nécessite aujourd’hui des investissements massifs.

Personne ne souhaite donc dilapider notre patrimoine hydroélectrique qui restera un pilier de la politique énergétique de la France. Certains en revanche, au travers de leurs accusations politiciennes ou dogmatiques, esquivent le débat de fond qui est celui des moyens nécessaires pour la modernisation de notre parc hydroélectrique et pour parvenir véritablement à notre souveraineté énergétique. Cette dernière est désormais européenne et non franco-française, et c’est ainsi l’objet de l’Union de l’énergie d’assurer notre indépendance face aux autres puissances mondiales.

Comme il l’a démontré à plusieurs reprises devant la représentation nationale[v], c’est en responsabilité que le gouvernement négocie avec la Commission européenne les termes d’une ouverture à la concurrence du secteur hydroélectrique qui soit juste et efficace, qui mettent rapidement un terme aux incertitudes qui nuisent au secteur et qui définissent les bases saines de la nouvelle vie de nos barrages. J’invite les oppositions à adopter une approche plus constructive afin d’y parvenir collectivement.

 

[i] « Nous donnerons une nouvelle orientation à notre politique hydroélectrique. En la matière, on ne régule pas seulement une production électrique, mais des vallées et des régions entières. Nous respecterons le droit européen, mais nous n’accepterons pas le morcellement de ce patrimoine commun des Français. »
https://www.gouvernement.fr/partage/11044-declaration-de-politique-generale-d-edouard-philippe-premier-ministre

[ii] https://decodeursdeleurope.eu/non-leurope-noblige-pas-a-privatiser-les-barrages/

[iii] https://www.banquedesterritoires.fr/retards-dans-le-renouvellement-des-concessions-hydroelectriques-la-cour-des-comptes-interpelle

[iv] http://europa.eu/rapid/press-release_IP-19-1477_fr.htm

[v] Débat sur l’avenir du secteur hydroélectrique :

http://www.assemblee-nationale.fr/15/cri/2018-2019/20190167.asp#P1638388

 

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